Être ou ne pas être (parents). Telle est la question.





On a tous une vision de la maternité. On a tous une vision de nos mères, de nous, des autres mères et même de celles qui ne sont pas encore mères. 

Qui n'a jamais languedeputé devant "mère parfaite" ou "mère indigne"?

Qui n'a jamais regardé de travers celle qui laisse pleurer son enfant dans le train ou dans l'avion? Celle qui achète le paquet de bonbon pour stopper les cris? Celle qui abdique devant le 5eme dessin animé à 22h30 car il n'y a pas école demain mais il y a mojito sur table basse (cherche pas. C'est nous.)? Celle qui n'a pas de télé chez elle mais qui ne fait aucune sortie chez les amis sans tablette et téléchargement netflix? Celles qui poussent le bordel au bout de la table et dans les coins pour faire de belles photos instagram...

Puis il y a ces femmes qui assument. Elles ne sont ni indignes, ni parfaites. Elles ne cachent pas le bazar. Elles ne taisent pas leurs doutes, erreurs, failles. Elles disent tout ouvertement et fort. Ce sont des femmes comme Anémone. Anémone est morte il y a quinze jours.

Anémone a eu deux enfants. Depuis son décès, on nous montre prioritairement deux choses d'elle et de sa grande carrière: son rôle dans le père Noel est une ordure  et son discours sur la maternité.




Quand on cherche cette vidéo sur youtube, on nous propose également dans la liste des vidéos associées un débat s'intitulant "est-ce qu'il est normal de regretter d'avoir fait un bébé?"

Cette vidéo nous a interpellé, questionnées.

Cette question si simple soit elle, cristallise une certaine image de la maternité. Quand on se demande s'il est "normal" de regretter d'être devenue mère un jour, c'est comme mettre sur un pied d'égalité "faire un enfant" et un besoin primaire tel que boire, manger, respirer. 

Si vouloir faire un bébé c'est "normal" alors ne pas vouloir en faire c'est être déviant? Le désir de maternité serait donc inné chez la femme.  A l'image de ces personnes qui offrent systématiquement aux petites filles des poupons et des berceaux sans attendre qu'elles en fassent la demande. 

Le désir d'enfant serait inscrit dans nos gènes de femmes et en être dépourvue c'est sortir de la normalité. 


Anémone a eu deux enfants. Le premier par hasard, le second pour faire plaisir.

Lorsqu'elle parle aussi ouvertement de "non désir d'enfant" et de ces enfantements par "pression sociale", ces discours provoquent des rires gênés, des questions sans fin, et des jugements hâtifs.  

"Mais ils ne vous en veulent pas vos enfants?"

Pourquoi? Pourquoi lui en voudrait-ils de dire sa vérité?

Oui. Avoir des enfants c'est se couper d'une certaine liberté, c'est prendre des responsabilités.  Plus rien ne revient comme avant. Tu es responsable de ce qu'ils seront. Même si ce n'est pas tout à fait vrai... Mais dans l'esprit c'est ainsi. 
A partir du moment ou la petite graine s'est introduit dans ton petite oeuf, et que tu décides de le garder, terminé, bouclé, tu as pris perpétuité.

Dire "J'ai bien conscience de tout ça, et je ne VEUX PAS prendre cette responsabilité" au yeux de la société c'est être défaillant.

Dire "j'ai fait des enfants par hasard ou par pression, mais je n'étais pas faite pour ça", c'est le pire aveu qu'une mère puisse faire.

Paradoxalement, un journaliste posa la même question à Thierry Ardisson. Réponse de l'intéressé:

"Moi, j'ai fait des enfants pour faire plaisirs à ma femme. J'allais les voir de temps en temps, je leur payais des chevaux. Les enfants, la paternité c'est pas mon truc, leur mère s'en sort très bien sans moi."

Provocation ou totale vérité, peu importe, c'est une affaire familiale intime qui ne nous regarde pas. Toujours est il que personne n'a relevé... Il ne sera jamais jugé, jamais traité de perché, on ne lui demandera jamais comment ses mômes vivent cet aveux... Et surtout, le jour de sa mort, on préférera parler de ses frasques avec Gainsbourg ou Baffie plutôt que de cette séquence que chacun trouvera sans grand interêt.

On se souviendra avec beaucoup de tristesse cette question posée à une célèbre astronaute: "Et comment allez vous-faire pour vos cheveux?", et de cette équipage entièrement féminin qui ne verra finalement que leur propre lune car personne n'a pensé à faire une combinaison adapté à leur taille.... 

Malgré toutes les difficultés, épreuves et autres moments de tristitude qui parsèment nos vies de mères je pense que nous ne regrettons pas d'avoir fait des enfants. Nous aimons nos enfants. Ce que nous regrettons parfois (souvent) surtout quand ils sont encore petits, quand c'est encore la galère (quand les profs de nos enfants nous fatiguent), c'est surtout une certaine liberté. Celle de ne penser qu'à nous, de faire des plans sur la comète et puis il faut l'avouer ce que nous regrettons c'est de ne plus pouvoir être nous même des enfants, insouciants et foireux. 

Commentaires

  1. Je ne connaissais pas cette séquence d'Anémone et je dois dire que je trouve génial ce qu'elle dit: "une fois qu'on a des enfants on est foutu on les aime", qu'elle aurait fait d'autres choses sans enfants. Elle a tout à fait raison. Elle a fait des enfants par pression malheureusement c'est souvent le cas pour un des 2 conjoints comme l'illustre parfaitement votre exemple sauf que ça dérange de l'entendre pour une femme.
    Une des premières questions que l'on pose à une femme est si elle a des enfants, à un homme: sa profession. Normal? Non sexiste.
    Le droit pour une femme de choisir d'avoir ou non des enfants est encore mis à mal dans le monde (pression, instruction des femmes, droits à l'avortement...ce sont le plus souvent des hommes qui décident d'interdire le droit à l'avortement, d'ailleurs droit à l'avortement signifie que la femme peut choisir ou non d'interrompre sa grossesse, on ne force personne à avorter si c'est contre ses idéaux mais que l'on laisse le choix) mais c'est un autre débat.
    Je suis ravie de vous retrouver, je profite que l'on soir vendredi pour mettre les enfants devant la console avait qu'ils aillent au judo et vais pousser le bazar sur ma table pour faire des photos et je vous embrasse. #merepasparfaite

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    1. Et c’est bien parce que nous ce sont les mères pas parfaites qu’on préfère...

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